mercredi 8 février 2012

Correspondances

Atelier d'écriture avec une classe de 4e. Ils devaient repenser à une personne qu'ils ont croisée et qui les avait amusés, intrigués, surpris... et à qui ils allaient écrire. Cette lettre appelait une réponse faite par un autre élève de la classe.

Cher inconnu,
Vous ne me connaissez pas, pas plus que je ne vous connais. Pourtant, chaque matin mon regard se pose derrière votre fenêtre aux voilages blancs. Et vous êtes assis de l’autre côté, et semblez captivé par votre lecture. Je crois savoir que c’est un journal. Vous adoptez la même posture, avec la même lampe à vos côtés, assis dans la même chaise. N’en avez vous jamais assez de cette routine? Ou est-ce, au contraire, une sorte de réconfort pour vous qui doutez? Et les jours où je ne vous vois pas, je m’interroge, que faites-vous? Vous ne travaillez pas, non, vous êtes à la retraite, car vos cheveux déjà sont blancs et votre journal, vous le lisez avec une loupe...

Chère inconnue,
Je me nomme François Martin. Vous, jeune fille, dites et pensez que vous seule me regardez. Bien au contraire, je vous vois et vous observe passer devant cette fenêtre et je me pose, moi aussi, de nombreuses questions auxquelles je cherche les réponses. Comment vous appelez-vous? Quel âge avez-vous? Que faites-vous? Qu’aimez-vous? Que n’aimez-vous pas?... Je cherche des réponses à ces questions, seulement en vous regardant. C’est, comme vous pouvez l’imaginer, très difficile, mais, c’est amusant...

A la "dame dans le métro"
Madame,
Je m'appelle Jean, je suis un élève de 4°. J'ai treize ans, je suis brun aux yeux marrons. Je ne pense pas que plus de description serait utile.
Je vous écrit car je vous ai un jour croisée dans le métro avec votre fille, où vous chantiez pour gagner de l'argent. Ce n'est guère votre chant qui m'a impressionné, mais votre motivation et votre espérance. Les personnes qui vous donnaient de l'argent ne faisaient pas attention à cela, on aurait dit qu'ils vous donnaient sans y penser, simplement pour ne pas paraître égoïstes...

Bonjour Jean,
Je te remercie de penser à moi et à ma fille Anieska. C'est la première fois que quelqu'un m'écrit une lettre pour me dire qu'il a pensé à moi, non à ma musique folklorique russe mais à mon enthousiasme pour réussir à prendre un nouveau départ.
Maintenant je vais te raconter ma terrible histoire pour arriver dans ce couloir du métro...

Bonjour,
Je suis un jeune garçon de 13 ans qui vit à Paris. Je vous écris cette lettre pour savoir ce que vous êtes devenu. Vous ne m’avez sans doute jamais remarqué mais moi si et je m’en souviens comme si c’était hier. Vous étiez devant les Galeries Lafayette assis sur un drap en lambeau, adossé contre la rambarde du métro. Avec votre chien si maigre et si petit blotti contre-vous. Vous dans vos vêtement en loques, les mains sur vos yeux pleurant ni de joie ni de douleur mais d’une très grande détresse intérieure, peut être à bout de force de cette vie si injuste, qui se reflétait de par vos pleurs et de par vos petits gémissements. J’aurais voulu vous donner quelque chose mais je n’avais rien sur moi et je le regrette amèrement. Il n’y a pas si longtemps de cela je suis revenu à ce même endroit mais je ne vous est pas vu. J’espère qu’il ne vous est rien arrivé de mal et même avez-vous trouvez un travail et un logement convenable? J’espère aussi que votre chien va bien et qu’il a pris du poids. J’attends de vos nouvelle impatiemment.
A bientôt.
Julien
Bonjour jeune homme,
Quelle gentille attention de m’écrire. Voyez-vous personne ne s’est jamais intéressé à moi de cette façon. Je suis très touché que vous m’accordiez une lettre. De nos jours plus personne ne pense aux autres, tout le monde ne s’intéresse qu’à soi. Le malheur des autres n’apparaît pas aux gens à qui le bonheur sourit. C’est vrai, ma vie d’avant ressemblait exactement à ce que vous avez dit mais ça c’était avant. Je dormais dans la rue, je n’avais pas d’amis, ni de famille pour m’aider. Je vivais sur un drap, espérant que quelqu’un me tende la main et je pleurais car, aucune main ne s’est jamais tendue vers la mienne. Personne n’a jamais pensé à m’aider.

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